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Recyclage V0

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7 septembre 2008

Déchets textile : le recyclage mieux organisé

A la croisée de la protection de l'environnement et de l'économie solidaire, la filière de recyclage des déchets textiles se voit enfin dotée d'une contribution environnementale et de règles de gestion. Si les acteurs de l'économie solidaire se félicitent de cette décision attendue depuis longtemps, beaucoup reste à faire. D'après l'ADEME, chaque français produit 17 kilos de textile par an dont 9 kilos de vêtements et 2 kilos de chaussures… Au total, 700 000 tonnes contre 600 000 il y a un peu plus de deux ans : la quantité estimée de déchets textiles est en forte progression. Aujourd'hui seules 105 000 tonnes environ sont collectées dont 50 % sont réutilisés dans les pays en voie de développement, 20 % sont transformés en chiffons, 10 % sont destinés à la cartonnerie, 8 % à l’effilochage et 12 % sont détruits. Une évolution qui a mis en danger cette filière de recyclage principalement gérée par des entreprises solidaires comme Le Relais associé à Emmaüs. "Face à la croissance des déchets textiles, les acteurs de la filière se sont retrouvés dans l'impossibilité de s'autofinancer à la fois à cause des variations de la conjoncture internationale et aussi la mauvaise qualité des textiles collectés. Il y a 10 ans, 60% de la collecte partait en réutilisation contre 40% en recyclage. Aujourd'hui le rapport s'est inversé," explique Valérie Fayard, déléguée générale adjointe d'Emmaüs France. Après l'appel au secours pour sauver la filière lancée en 2005 par Martin Hirsch, alors à la tête d'Emmaüs France, et la taxe votée par le parlement en 2006 ("Taxe Emmaüs"), un décret publié au Journal officiel du 27 juin 2008 met enfin en place une contribution environnementale textile. Ce texte précise également les règles de gestion de la filière dans un souci d’efficacité accrue de la collecte puisque l'objectif fixé est de 120 000 tonnes en 2012. Faisant suite au décret, la création d’un éco-organisme, Eco-TLC (TLC pour textiles, linges et chaussures) a été annoncée par une trentaine d'entreprises du commerce et de l’industrie textile dont Carrefour, Auchan, Décathlon ou la Redoute. Il sera en charge de récupérer la contribution des metteurs sur le marché, estimée à 10 millions d'euros par an. Ensuite, il devra la verser aux associations caritatives et aux sociétés privées spécialisées dans le tri et le recyclage des déchets textile. Pour bénéficier de cette contribution, les opérateurs devront s'engager à réemployer ou recycler au moins 70% des déchets collectés et à employer 15% de salariés au minimum dans le cadre d’un contrat d’insertion. "Ce que nous avons obtenu avec ce décret c'est la pérennisation des emplois actuels de la filière. Certes, la filière n'est pas énorme puisqu'elle représente 3000 emplois répartis sur environ 50 opérateurs de collecte et 15 opérateurs de tri," commente Valérie Fayard. Elle estime que le développement de la filière offre un potentiel de création de plusieurs milliers d'emplois. Une perspective qui a été contestée par certains acteurs, qui reprochent au texte de privilégier la réinsertion par l'emploi plutôt que l'environnement. Ainsi deux groupements de collectivités locales, Amorce et le cercle National du Recyclage, considèrent qu'environ 600 000 tonnes resteront à la charge des collectivités locales alors que rien n'est prévu à ce sujet et que les objectifs de réemploi et de recyclage des déchets auraient pu être plus ambitieux. Valérie Fayard qui souligne que l'Association des maires de France, plus grande organisation représentative des collectivités locales, a participé au processus d'élaboration de ce texte, ne comprend pas cette réaction. "La filière textile est une vraie filière de développement durable concernant à la fois l'environnement et le social. Depuis le début, c'est une filière novatrice car née de l'action de l'économie solidaire et non d'une directive européenne transposée en droit national. Elle démontre justement qu'une filière environnementale peut générer de l'emploi en se gérant autrement que par des appels d'offres généralement remportés par de gros opérateurs de déchets," explique-t-elle. Réaffirmant que la priorité d'Emmaüs a toujours été l'emploi, puisque Le Relais concentre 2/3 des emplois de la filière, elle ajoute : "Bien sûr nous aurions pu être plus ambitieux, mais là, il y a quelque chose que nous savons faire, l'expérience passée le prouve. Il ne faut pas raisonner sur la collecte mais sur les opérateurs de tri qui sont les mieux à même d'atteindre les 70% de valorisation des déchets." Au dernier reproche d'inéquité territoriale, elle répond : "Le gisement de déchets textile est évidemment plus important dans les zones urbaines, mais Emmaüs rassemble plus de 150 structures sur le territoire et il y a d'autres organisations comme le Secours Populaire. Le maillage existant peut tout à fait répondre au besoin et nous sommes prêts à nous engager sur ce point." Eco-TLC devrait prochainement recevoir l'agrément pour 6 ans ce qui va véritablement mettre en œuvre cette organisation renouvelée de la filière. Rendez-vous donc en 2014 pour voir si les objectifs auront été atteints tant qualitativement que quantitativement.
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